Sosuke Ishikawa
Les origines
Lorsqu’il a trouvé, sur la table, son passeport, une lettre et un billet d’avion pour Los Santos, Sōsuke n’a pas posé de questions. Le jeune homme s’est levé et est parti sans regards en arrière. Ce que l’Oyabun demande, un Wakashu l’applique.
Car c’est ainsi que Sōsuke Ishikawa a été élevé. Le parfait mélange entre la voie du bushido et le gokudō, comme le souhaitaient les chefs du clan Somei. Né d’un mariage arrangé entre Noriko, fille d’un Saiko-komon et de Takehiko, héritier déchu d’une illustre famille de samouraïs, tout a été mis en œuvre afin de le façonner pour être le futur de la Famille. Les patriarches ayant décidé de son année de naissance et de son nom. 2001, l’année du serpent de métal pour qu’il devienne, réfléchi, rusé et indépendant. Sōsuke, pouvant aussi bien se traduire par “respect des ancêtres” que par “zone de chaos”.
De son enfance, à Osaka, Sōsuke ne se souvient que de peu de chose. Des longues heures en tailleur, dehors, hiver comme été, à voir ses pensées s'envoler avec le vent. Du rire des autres enfants, qu’il entendait au loin, pendant ses enchaînements de divers Kata, le tout ponctué par les “MADA ! ” de son sensei. De ces piles de livres empilés, ne diminuant que très peu malgré les lectures. Petit garçon, il a bien essayé de se substituer à ces obligations sans jamais y parvenir. Il y eut bien une fois, alors que l’apprenti chargé de le surveiller s'était absenté du dojo, que Sōsuke réussi à s’éclipser pour voir l'extérieur du domaine. Sauf qu’en montant dans le coffre de cette voiture, le jeune garçon ne s’attendait pas à se retrouver là. Témoin d’une vendetta organisée par un clan venu de Tokyo. De ses yeux d’enfant, il ne vit que du sang et les kyodais tomber les uns après les autres. De cette journée, il n’en dit mot. Et c’est avec le regard noir de détermination qu’il s’appliqua à suivre les enseignements des ainés, avec comme seule compagnie la vengeance à venir.
C’est à l'âge de 17 ans, après avoir fait ses preuves et ses 6 mois d'apprentissage, comme tout apprenti, qu’il accèda enfin au rituel d'entrée, le Sakazuki. A la date fixée en accord avec le calendrier lunaire, c’est en kimono blanc que Sōsuke s’agenouille à côté du chef du clan. En lui transmettant le saké symbolisant les liens du sang, alors que pour les autres aspirants, l’échange de coupe s’est effectué dans le silence le plus complet, l’Oyabun se tourna vers le futur kobun. Tout en le regardant dans les yeux, il lui souffla : “J’ai de grandes ambitions pour toi”. De l’extérieur, aucune réaction ne semblait paraître à travers le regard noir de Sōsuke, mais à l’intérieur tout se mit en ébulition. Il était prêt, il le savait. Et ce n’est pas l'Irezumi, le rite du tatouage, tant craint, qui le fit vaciller. Chaque coup d'aiguilles fixés sur le manche en bambou ne faisant qu’ancrer encore plus la volonté de l’homme, au fur et à mesure que l’encre apparaissait sur sa peau.
Dès lors, Sōsuke était sur toutes les opérations. Ses facultés à s’adapter, se fondre dans l'environnement qui l’entourait y étaient sûrement pour beaucoup, et ce aussi bien au Japon que dans un pays étranger. Contrairement aux kyodais de son niveau, il était le seul à ne pas avoir d’état d’âme, à appliquer ce qui lui était demandé sans chercher à plaire. Il avait été élevé pour ça. Très vite, il se fit un nom dans l'archipel. Peu souhaitaient croiser sa lame ou entendre le claquement si particulier du barillet, souvent le signe d’une mort certaine. Au sein même du clan, il se murmurait des histoires sur ses exploits, créant une crainte, non sans respect de ses frères. Les échelons, il les montait, sans plus de joie. Il n’attendait qu’une chose, pouvoir se confronter au clan de Tokyo. Voir la terreur dans les yeux des hommes qu’il avait croisés quelques années plus tôt.
Malheureusement pour lui, sa vengeance ne vint pas. Les chefs de clan en décidèrent autrement, en mariant leurs enfants respectifs. La paix s’installa. Une forme de sérénité se diffusa lentement, au cœur même des clans. Chacun pouvant profiter du calme, longtemps cherché. Cependant, contrairement à ses frères, pour Sōsuke, ce ne fut pas la quiétude qui le gagna. Ne pouvant plus assouvir ses désirs, c’est le chaos qui prit le dessus. Là où il était connu pour ne pas se laisser dépasser par ses sentiments, les excès de rage prennaient le dessus, engendrant un déséquilibre au sein du clan. Personne ne savait quand, ni pourquoi, il pouvait exploser.
C’est pourquoi, lorsqu’il a trouvé, sur la table, son passeport, une lettre et un billet d’avion pour Los Santos, Sōsuke n’a pas posé de questions. Le jeune homme s’est levé et est parti sans regards en arrière.
Ce n’est qu’avant d'atterrir sur cette île inconnue qu’il ouvrit la lettre. A l'intérieur, quelques mots : “J’ai de grandes ambitions pour toi”.
Ce que l’Oyabun demande, un kobun l’applique. Los Santos sera donc sa nouvelle terre d’accueil.